Relations sino-africaines : un webinaire de journalistes et d’experts africains précède une décision historique de Pékin

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Le Consortium des Journalistes Professionnels Africains pour le renforcement des relations sino-africaines (CJPASA) a organisé, le 27 mai dernier, un webinaire de haut niveau consacré aux investissements chinois en Afrique. Cette rencontre qui a rassemblé une centaine de journalistes, experts, chercheurs et représentants institutionnels de quelques pays africains a permis de soulever des interrogations majeures sur la nature et les retombées de la coopération économique entre la Chine et l’Afrique. L’objectif affiché était celui d’interpeller et de proposer pour un partenariat Chine-Afrique plus équilibré et transparent.

Dans son mot d’ouverture, le président du CJPASA, Médéric Beugré, a donné le ton d’une rencontre fructueuse, appelant les États africains à sortir de leur posture attentiste. Outre, il a suggéré que les entreprises chinoises installées en Afrique fassent plus de preuve de transferts de savoir-faire, d’intégration, et de gestion partagée dans des projets sino-africains. Cette prise de parole forte a été soutenue par d’autres intervenants, qui ont à leur tour insisté sur l’urgence de redéfinir les règles du jeu de partenariat Chine-Afrique afin de faire de cette coopération un véritable levier de développement durable et autonome pour les pays africains, de même que pour les pays du Sud global. Un appel qui a sonné résonné dans l’oreille de Pékin.

En effet, quelques jours après le webinaire du CJPASA, la Chine a annoncé une mesure sans précédent : la suppression des droits de douane sur les produits en provenance de 53 pays africains, étendant ainsi un régime jusque-là réservé aux pays les moins avancés à des économies plus développées comme le Maroc, le Nigeria ou le Kenya.

La décision stratégique du gouvernement Chinois, présentée lors de la 4e Exposition économique et commerciale Chine-Afrique tenue à Changsha en Chine du 12 au 15 juin 2025, vise notamment à encourager les exportations africaines et à réduire un déséquilibre commercial jugé excessif au profit de la Chine. Un geste fort qui ne semble pas étranger à la dynamique impulsée par le CJPASA.

En échangeant longuement sur les investissements chinois en Afrique au moment où le protectionnisme resurgit dans l’espace commercial mondial, le webinaire du CJPASA a sans doute contribué à faire évoluer la posture chinoise. Il s’inscrit ainsi dans la dynamique d’une nouvelle influence africaine portée par des voix indépendantes et engagées, capables de susciter des réactions concrètes au plus haut niveau. Le timing de cette décision, dans la foulée immédiate du webinaire, souligne la lecture en perspective du partenariat sino-africain par le CJPASA, témoignant le poids croissant des plateformes africaines dans l’orientation des politiques internationales.

Pour rappel, en 2022, la Chine a investi 5 milliards de dollars dans les économies africaines, principalement pour construire de nouvelles liaisons de transport et des installations énergétiques, et pour exploiter des mines. BBC Afrique rapporte que grâce à ces projets, les entreprises chinoises installées sur le continent africain ont gagné près de 40 milliards de dollar, la même année.

Aussi, de nombreuses sources informent que plus de 10 000 entreprises chinoises opèrent actuellement sur le continent africain. Et, la valeur des activités chinoises depuis 2005 s’élève à plus de 2 000 milliards de dollars, avec 300 milliards de dollars d’investissements en 2022.

Au clair, la décision de Pékin est à saluer, car elle contribue indéniablement au renforcement des liens entre les peuples chinois et africains. Au-delà de sa portée strictement économique, cette mesure tarifaire symbolise un tournant majeur pour la coopération sino-africaine et le Sud global. On aura enfin une Afrique qui ne réclame pas une place par défiance, mais qui affirme sa volonté de compter dans ses partenariats internationaux, dans un esprit de fraternité, de respect mutuel et de complémentarité stratégique.

Notons que le CJPASA s’est assigné deux missions principales, à savoir : Renforcer davantage les liens entre la Chine et les pays africains et lutter contre le réchauffement climatique en Afrique.

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